Ce qui demeure

 

Il y a des matins où l’on part sans attente, sans destination précise. Juste l’envie d’être là. Présent au monde. Marcher, respirer, accueillir ce qui vient.

 

C’était un de ces matins-là.

Une matinée de début de printemps, la saison du renouveau, des premières douceurs, de la lumière qui revient, plus franche, plus haute dans le ciel.

J’étais parti photographier la rue. Sortir de mes habitudes. Aller là où, d’ordinaire, je ne vais pas. Chercher autre chose, me confronter à l’inconnu, aux passants, à la vie urbaine dans son mouvement.


Mais très vite, mes pas m’ont mené ailleurs.

Ou plutôt, c’est mon regard qui a bifurqué.

Ce n’étaient pas les visages ni l’agitation de la ville qui m’ont retenue. Mais les arbres. Ou plutôt leurs ombres.

Dans cette avenue, bordée d’immeubles aux façades unies, baignées de couleurs chaudes, presque solaires, les silhouettes des branches venaient doucement s’inscrire sur les murs.

Des dessins éphémères, projetés là par la lumière du matin.

Des empreintes. Fragiles, délicates.

Les premières petites fleurs de la saison, accrochées aux branches, rendaient ces ombres encore plus vibrantes, comme brodées de légèreté.

J’ai arrêté de chercher autre chose. J’ai cessé d’attendre.

J’ai simplement regardé. Longtemps.

Et j’ai photographié ce qui, sans bruit, se donnait là :

Ces traces fugitives, ces messages discrets laissés par la nature sur les murs de la ville.

Comme si elle venait nous murmurer, dans le langage de la lumière et des formes :

« Je suis là. Même ici. Même entre béton et bitume. Regardez-moi. N’oubliez pas. »


Ces empreintes m’ont fasciné.

Elles parlaient d’une présence, mais aussi d’une fragilité.

Elles rappelaient que le vivant est partout, qu’il résiste, qu’il s’infiltre dans les interstices de nos constructions.

Mais qu’il puisse aussi disparaître, s’effacer, si l’on cesse de le voir, de le respecter, de le préserver.

Ce qui demeure. 60 × 40 cm. Acheter l’oeuvre.

Cette image, je l’ai appelée « Ce qui demeure ».

Parce qu’elle parle de ce qui reste, de ce qui subsiste malgré tout.

De ce qui s’inscrit, même de façon fugace, dans nos paysages.

Des traces de la nature dans nos espaces urbains.

Des empreintes de ce vivant qui persiste à se dire, à se montrer, à écrire ses signes sur nos murs.


Photographier cela, c’est pour moi une manière de rendre hommage à cette présence discrète.

De lui faire une place. De la laisser apparaître, simplement.

Et peut-être aussi, d’inviter à ralentir, à regarder autrement.

À accueillir cette beauté ténue, fragile, mais essentielle.

Car oui, la nature est là.

Elle nous rappelle sa force, sa grâce, mais aussi son besoin de protection.

Préservons-la. Écoutons ces messages, ces empreintes laissées sur nos murs, dans nos villes, dans nos vies. Ce qui demeure, c’est peut-être cela : la capacité à voir, à ressentir, à prendre soin.

 

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