Me perdre pour mieux me retrouver

Il existe un lieu où mon âme trouve la paix et où mes pensées s’évadent de toutes contraintes, qui me ramène à mes racines les plus profondes, à l’époque où l’humanité vivait en harmonie avec la nature. Ce lieu est la forêt, un sanctuaire de tranquillité et de mystère. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est en me perdant dans ses sentiers sinueux que je parviens à me retrouver.

J’ERRE.

L’errance, une quête sans fin à la découverte de soi et du monde qui nous entoure. Mais qu’en est-il de l’errance réellement ? C’est un état d’esprit, une attitude qui permet de se libérer des contraintes et de se laisser porter par l’inconnu. C’est oser s’éloigner des chemins balisés pour mieux se perdre et se retrouver. C’est le voyage introspectif de la découverte de soi. Le photographe errant ne se contente pas de capturer le monde extérieur, il capture ses propres émotions, ses expériences et sa compréhension du monde. À travers son objectif, il révèle ses propres perceptions et interprétations. Il n'est pas lié par des lieux ou des sujets prédéterminés, mais se laisse plutôt guider par son intuition du moment.

Alexandre Laumonier dit de « l’errance » qu’elle est le « lieu acceptable » ? Il peut faire ainsi allusion au fait que l’errance elle-même peut devenir un espace ou un état dans lequel on peut trouver une certaine acceptation ou un certain confort. L’errance peut être perçue comme une sorte d’espace de liberté, d’exploration et d’ouverture, où l’on est libre de se déplacer et de se perdre sans contrainte. Cela peut être une manière de voir l’errance comme un mode de vie ou une attitude qui permet une certaine liberté et une ouverture à de nouvelles expériences.

Et quoi de mieux que de s’immerger dans la nature pour vivre pleinement cette expérience ? La forêt, telle une oasis de quiétude, devient un refuge.

Elle est une capsule de biodiversité, un espace où la nature est dans toute sa splendeur. En marchant dans ses sentiers, mes sens s’aiguisent et je me trouve immergé dans un écosystème vivant. Les arbres majestueux me rapprochent de la sagesse millénaire de la nature, tandis que le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles me rappellent que je suis une partie intégrante de cet environnement. Perdu dans cet écosystème harmonieux, je suis en mesure de me connecter profondément avec la nature et de percevoir ma place dans le monde.

Notre vie moderne est souvent synonyme de stress, de bruit et d’agitation incessante. Cependant, lorsque j’erre en forêt, je suis accueilli par un silence revigorant. Un silence réconfortant qui m’entoure me permet de me déconnecter du monde extérieur et d’entrer en communion avec moi-même. C’est dans cet espace de quiétude que je peux véritablement m’immerger dans ma propre plénitude intérieure. Les sons de la nature remplacent les bruits assourdissants de la vie urbaine, apaisant instantanément mon esprit agité. Les vibrations négatives sont dissoutes par l’énergie positive qui règne dans cet environnement paisible.

Alors que je marche, les tensions se dissipent et je me libère peu à peu des préoccupations du monde, créant ainsi l’espace nécessaire pour m’écouter et me recentrer.

Il est important de souligner que l’errance n’est pas une fuite, mais plutôt une reconnexion avec notre être profond. C’est un moyen de se défaire des conventions et des attentes de la société pour trouver sa propre voie. En s’abandonnant à l’errance, le photographe embrasse la spontanéité et l’authenticité de l’instant présent, capturant des émotions et des histoires uniques à travers l’objectif.

Perdu dans la forêt, je me retrouve face à moi-même sans artifice ni masque social. Je me confronte à mes pensées les plus profondes et à mes émotions les plus enfouies. La solitude dans la nature me permet de faire un examen de conscience et de réfléchir à mes choix, mes actions et mes aspirations. Je me retrouve également face à ma vulnérabilité et à mes peurs, ce qui me pousse à trouver la force intérieure pour les affronter. À travers ces moments de réflexion profonde, je suis en mesure de me redéfinir et de renouveler mon engagement envers mes valeurs les plus authentiques.

Credit photo: Pierre-Yves Lancelot


Cette errance reste un pilier essentiel de mon équilibre mental et émotionnel. Grâce à cette expérience méditative et photographique, je retrouve ma plénitude intérieure et je renoue avec la nature qui m’entoure. La forêt devient mon refuge où je peux me perdre pour mieux me retrouver. Les moments fugaces que je capture avec mon appareil photo sont autant de souvenirs qui me rappellent l’importance de prendre du temps pour cultiver une relation profonde avec notre environnement naturel.

Maintenant l'errance doit-elle se faire seule ? Cela dépend du partenaire de route.  En général, j’apprécie la solitude dans mes errances, mais il m’est arrivé de la partager avec un ami, conscient de la façon dont je m’exprime lors de sorties photographique. C’est la seule occasion où je partage ces moments forts avec des compagnons de voyage.

Alors, le prochain jour où vous vous sentirez égaré, partez en forêt et laissez-la devenir votre refuge. 

Avant de vous quitter, je vous recommande le Livre de Raymond Depardon “Errance”.

"Au gré de ses voyages, sans projets ni destinations établies à l’avance, Raymond Depardon se laisse surprendre par la beauté du monde, s’affranchit des règles classiques de la photographie pour témoigner de son aventure intérieure.”

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