Thionville une ville fantôme en 2020

Scène d'une ville vide de monde

7h30.

Qui a dit que le sommeil était réparateur ? Encore une nuit difficile. Je me lève épuisé. Comme à mon habitude, je me sers un café.
Première gorgée : mince, ce n’est pas la bonne capsule.

Tant pis, je tente tout de même de l’apprécier.

Machinalement, j’ouvre les journaux. C’est affolant. Les chiffres s’alignent, les graphiques défilent. On analyse, on commente, on gère la peur à coups de statistiques. Puis, réflexe : j’ouvre Facebook. Fake news, colère, débats sans fin. Quatre « j’aime » sur une de mes photos, une invitation à aimer une page sur les Vosges, et un type qui crie au complot. Après le badge « Je suis Charlie », voici celui de « Je reste chez moi ». Le monde numérique s’agite.

Et moi, j’essaie toujours d’apprécier mon café.

8h30.

Je prends ma tasse, une cigarette, et sors sur le balcon. Il fait bon. Tout est silencieux. Les enfants dorment encore. Sandrine, mon épouse est déjà partie marcher. Elle doit sûrement accélérer la cadence, son temps est compté.

Le soleil et la brume s’allient dans une lumière étrange. Ce matin, le décor a quelque chose d’apocalyptique. Aucune âme qui vive, à part une joggeuse dans le parc. Elle tourne en rond, inlassablement, comme un poisson rouge dans son bocal.

Je la regarde. Elle me donne presque le vertige.

9h00 mon café est froid…
Je décide de m’habiller et de partir faire un tour dans cette ville fantôme.

10h00, dérogation en poche, je dévale les escaliers.
Je prendrais bien un café ?
Putain de pandémie, tout est fermé ! Je me ravise.

C’est fascinant, irréel... Depuis le mois de mars, j’assiste à un phénomène que je n'aurai jamais imaginé auparavant.

Ma ville est silencieuse.

Confinement oblige, les rues sont désertées. Quelques bus jaunes circulent à vide. Ils égaient les lieux. J’y vois une lueur d’espoir et j’erre dans les rues.

Cet aspect inédit de ces lieux me fascine. Il m'incite à regarder plus attentivement, à prendre le temps de comprendre ce que disent ces lieux sans habitants ou presque.

Paradoxalement, cette vision aurait dû m'effrayer. Un monde sans humain est signe de fin du monde. Et pourtant j'ai l'impression de redécouvrir ma ville. Le Puzzle, ces rues, ces écoles qui, il y a quelques mois, se fondaient dans un calque sombre et opaque où grouillait une informe masse humaine.

C'est si reposant ce temporaire arrêt sur image.

11h30...

En rentrant, je passe devant le square. La joggeuse est toujours là assise sur le banc cette fois, sa tête entre ces mains. Sans doute victime de vertiges ?

Finalement je commence à  apprécie les choses simples:


Un café s’il vous plaît !


 

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Plénitude intérieure